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Kaizen et le pyrénéisme



Le film-documentaire du youtubeur Inoxtag dépasse aujourd’hui les 27 millions de vues. Il relate, dans un effort de vérité, ce qu’est l’ascension du plus haut sommet du monde. Des paysages sensationnels à l’égoïsme des hommes, de la chaleur des compagnons de cordée aux injures faites à la nature, le tableau est complet.


Inoxtag n’est sans doute jamais allé dans les Pyrénées. Son guide est alpiniste, habitué du massif du mont blanc, entraînant Inoxtag sur la terre alpine avant qu’ils ne s’envolent tous deux vers l’immense Himalaya. Alors, que viennent faire les Pyrénées dans cette aventure ? Pas un mot, pas une image ne montrent l’humble chaîne franco-espagnole dont le toit ne culmine qu’à 3404m.


Et pourtant…

Pendant un an, le jeune vidéaste pris le pouls de la montagne. Cet « enfant gâté » (comme il le dit lui-même) a découvert la fragilité et la petitesse de l’homme dans un environnement brut, froid et hostile.


Pendant un an, il a grimpé et chuté, lutté et souffert pour un objectif que beaucoup ont jugé « enfantin », « stupide », « capricieux ». Au-delà de ces critiques, Inoxtag a montré à la « gen z » ce qu’était la montagne. Un milieu exceptionnel réservé à ceux qui osent abandonner leur confort. Qui sait quel jeune, fatigué par une vie qu’il juge sans saveur, n’a pas eu un déclic en voyant ces images ? Le message s’adresse à sa génération, dans un vocable qu’elle comprend, avec des références qui sont les siennes.


Mais on ne grimpe pas l’Everest par caprice. La mort finit par l’emporter sur ceux qui ne craignent pas cette montagne et qui, dans leur orgueil, veulent la soumettre à leurs désirs. Il est allé au sommet pour une raison inscrite en filigrane dans son reportage. Mais quelle est-elle, cette raison paraissant bien folle au premier abord ?


La recherche de la célébrité ? Il l’était déjà.

La postérité ? D’autres l’ont fait, avec plus de mérite.


A mon humble avis, ce qu’il a pu trouver à plus de 8000m, à un saut des étoiles, c’est lui-même. En cela, Inoxtag est sans doute plus pyrénéiste qu’il ne le pense, associant la montagne à un rite initiatique, une expérience de vie belle et profonde qu’il a voulu partager a des jeunes qui n’ont peut-être jamais foulé autre chose que du bitume. Alors, on peut lui reprocher sa « philosophie de comptoir » et son langage peu châtié, mais ses détracteurs ne semblent pas avoir compris que « l’ivresse de l’altitude » n’est pas qu’une expression. Ce qu’Inoxtag nous a donné de voir, c’est un jeune homme submergé par les émotions, saoulé par l’altitude, envouté par des paysages irréels, voulant dire ce qu’il ressentait au plus profond de lui-même. Avec ses mots, avec ses gestes, il a touché une génération parfois loin du sport et loin de la réalité de la vie. C’est en cela que son ascension est un exploit.


Mais à mon sens, il manque encore un élément à son parcours. Il manque le silence. La montagne n’a pas besoin de publicité. Elle attire et elle effraie tout à la fois. Terrain de jeu de ceux qui sont tombés amoureux de sa complexité, ces derniers savent qu’elle se révèle lorsque l’homme se tait et laisse parler la pierre.


Hugues

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